Le weekend dernier, c’était notre désormais traditionnel voyage de pêche au doré à la Baie de Quinte (Picton, Ontario). Nous en étions à notre 3e pèlerinage de quête du doré géant là-bas. Les deux années précédentes, nous avions eu de très bons résultats alors nous avions bien confiance en nos moyens.
Cette année, l’équipe était constitué de Mario, Guillaume et moi. De plus, Serge, un collègue de travail de Mario nous suivait avec tout son équipement pour pêcher lui aussi. Après avoir passé la soirée de vendredi à sortir l’équipement de pêche au maskinongé du bateau et préparer ce qu’il fallait pour la pêche au doré de suspension, nous avons quitté l’île Perrot vers minuit. Nous avions plus de 3 heures de route de nuit devant nous. J’aime rouler la nuit et le sommeil n’était pas vraiment un problème puisque nous étions très fébrile.
Je roulais devant avec Guillaume tandis que Mario et Serge me suivaient de près. Environ à mi chemin du trajet, j’ai entendu un drôle de bruit derrière et un bonne vibration qui s’atténuait rapidement. Je regarde dans les miroirs et je ne vois rien d’anormal à première vue alors je continue à 106 km/h. Puis je reçois un appel de Mario qui m’annonce que j’ai perdu une aile sur ma remorque. Je m’arrête en bordure de l’autoroute et je descends voir l’étendu des dommages. Le pneu droit de la remorque est complètement déchiqueté et c’est la jante qui assure le roulement maintenant. En se déchiquetant, le pneu a complètement détruit l’aile en plastique et il ne reste que des petit morceaux aux endroits où elle était fixée. C’est des choses qui peuvent arriver mais c’est un peu plus stressant quand t’as été trop radin pour acheter une roue de secours…
Heureusement, Serge qui nous suivait avec son bateau avait une roue de secours, mais nous ne savions pas si elle ferait sur ma remorque. Mario insista pour que je roule jusqu’à la prochaine halte routière qui était environ 6 km plus loin. Moi j’étais pas plus à l’aise de rouler à 40 km/h sur l’autoroute que d’être stationné sur l’accotement. La nuit, il y a moins de trafic et les camions remorques ont le temps de changer de voie. Je suis donc arrivé à me rendre au « On Route » sans me faire emboutir. Quand j’ai rejoint Mario et Serge, nous nous sommes empressés de compter le nombre de trous sur ma jante et eurêka, sa roue de secours est compatible!
Nous avons mis une bonne demie-heure à soulever la remorque et changer la roue. Mais ce n’est pas si mal compte tenu de tout. Nous voilà donc repartis en espérant ne pas faire une autre crevaison. La morale que je retiens de cette mésaventure est de toujours vérifier la pression des pneus avant de faire un bon bout sur la route avec la remorque. Je le fais toujours mais pas cette fois. J’ai graissé les essieux mais je n’ai pas vérifié la pression des pneus. Le pneu qui n’a pas éclaté manquait d’air et on l’a regonflé après avoir changé la roue. Deuxièmement, investir dans une roue de secours pour être prêt à tout. Et pourquoi pas, dans le cas de long voyage comme ça, d’apporter un bon gros cric. J’en avais un dans mon cabanon qui nous aurait grandement facilité la vie. Heureusement, Serge travaille dans le domaine du remorquage. Il en a vu d’autres et il a pris les choses en main. Merci encore Serge!
La mésaventure de la crevaison derrière nous, nous continuons notre route vers Picton où nous arrivons vers 4h30. Après un petit déjeuner au Tim Horton, on se dirige vers la rampe de mise à l’eau et on entreprends de préparer le bateau. Il fait froid. Le thermomètre indique -7 C. Les toiles qui forment le toit de mon bateau ont beaucoup rapetissées avec le froid si bien qu’on a beaucoup de difficulté à assembler le tout. Nous devons nous résigner à ne pas fermer le tout complètement parce que plusieurs « snaps » sont impossibles à fixer. Pendant qu’on trimait dur pour assembler le toit, plusieurs autres bateaux sont arrivés à la descente. Parmi eux, Don, Alain, George et Bill, tous des membres du chapitre de Montréal de Muskies Canada!
Quand vient notre tour de descendre le bateau à l’eau, la remorque flotte avec le bateau. J’ai d’abord pensé que Guillaume n’avait pas enlevé les courroies à l’arrière mais c’était plutôt que la coque était collée par le gel sur les tapis de la remorque. Pendant ce temps, Serge dois survolter la batterie de son bateau parce qu’il a oublié une lumière allumée lors de sa dernière sortie. Définitivement, on s’amuse comme des petits fous! Après s’être mis à trois pour brasser le bateau, il décolle enfin. C’est un départ! On doit naviguer en regardant au travers du givre dans les vitres.
On traverse la ligne du traversier à partir de laquelle on a le droit de pêcher à 2 lignes par pêcheur et on commence à mettre les lignes à l’eau. Serge nous suit pas loin et fait de même. Il ne faut pas plus d’une heure pour que Serge capture déjà deux dorés. Le plus gros faisait 7 livres. De notre coté, il nous a fallu attendre 8h30 avant d’avoir la première touche. C’est Mario qui a remporté le premier rang du tirage au sort pour l’ordre de capture. Ça lui méritait du même coup l’obligation de dormir sur le lit pliant. Donc, Mario monte notre première capture à bord. Un doré de 3.2 livres. On est venu ici pour bien plus gros que ça, mais bon, on est sur la bonne voie.
On continue donc à ratisser le grand secteur qui nous avait bien servi lors de nos précédents voyages, mais plus ça va plus on constate qu’il y a moins de bateau autour de nous. Les captures se font attendre et sur le sonar on ne voit pratiquement rien. Je m’informe alors auprès de l’ami George pour savoir comment ça allait pour eux. George me dit qu’ils ont trois dorés de capturés, qu’ils sont plus haut dans la baie et qu’il y a plein de bateaux autour d’eux dont des guides et qu’ils voient du poisson sur le sonar. Ça ne nous prends pas de temps pour se décider qu’il nous faut changer de secteur. On aurait dù s’en rendre compte avant même. En rentrant les lignes, Guillaume prends un doré de 5 lbs!
Avec les bons conseils de George nous étions « sur le fish » en peu de temps. De belles grosses arches apparaissent dans le sonar mais elle restent passablement profondes (60-70 pieds). Je pense que ça ne faisait pas 15 minutes qu’on avait étendu les lignes qu’un des dériveur de surface s’enfonce dans l’eau à plusieurs reprises, le moulinet déroule même et tant mieux parce que c’est à mon tour de me battre avec le poisson. Cette fois on a de l’action. C’est très lourd et ça ne veut pas monter du tout. Ça donne de gros coups de tête et je dois y aller tout en douceur car le bas de ligne est du 15 livres de résistance. Mais ces gros coups de tête me portent à croire que ce n’est pas le comportement habituel d’un doré, mais j’aimerais donc que ça en soit un géant. Comme j’appréhendais il s’agit d’un gros malachigan. je suis quand même bien content car j’ai eu droit à un solide combat! Une petite photo et on l’a remis à l’eau.
À ce moment de l’après-midi il fait très beau. Le soleil est presque chaud et le vent est très calme. J’avais vu dans les prévision météo que le vent allait changer légèrement de direction durant la journée. Je dis à mes compagnons que ça doit être le calme avant que le temps change. J’avais raison. Le ciel c’est un peu ennuagé et les vents se sont levés. Du coup, on ne voit plus de poisson sur le sonar et le bateau est de plus en plus difficile à contrôler dans ses grosses vagues.
C’est maintenant de nouveau le tour à Mario et il sera quelque peu déçu de sa capture. Un petit malachigan! Néanmoins, nous continuons sur notre ligne de traîne en prenant les vagues de face. Depuis notre arrivé, nous avions l’impression que le temps ne passait pas vite. Peut-être à cause de la nuit blanche, mais là, force nous est de constater qu’il nous reste moins de deux heures de pêche avant la noirceur.
Au moment où on ne l’attendait plus, on a un autre « fish on ». Cette fois c’est au tour de Guillaume qui ramène un beau doré de 6.5 livres. Cette capture sera la derniere de la journée. Nous avons dû ramasser les lignes au moins 30 minutes plus tôt parce que les vagues rendaient la traîne littéralement impossible. Le retour à Picton s’est tout de même bien passé parce qu’assez rapidement les vagues diminuaient en hauteur. C’est que le vent soufflait de Picton vers la baie, donc les vagues prenaient naissance en sortant de Picton.
Puisque je n’ai pas pu mettre mon toit au complet sur le bateau j’ai décidé de ne pas l’ancrer au quai pour la nuit mais de le sortir. Une fois sur la remorque, j’ai enlevé le bouchon et beaucoup d’eau est sorti du bateau. Ma pompe de cale ne fonctionnait plus. Pas super prudent sur des eaux si agitées. Elle était probablement gelée et en la démarrant j’ai du faire sauter le fusible. Nous avons rangé le bateau et nous nous sommes installés dans notre chambre du Picton Arbour Inn pour une douche et une petite frette…
Nous sommes sortis au Acoustic Grill pour le souper. J’avais réservé au préalable cette semaine. C’était vraiment un endroit cool pour finir cette longue journée. On y a mangé un des meilleurs burgers qu’il m’a été donné de goûter et dieu sait que j’en ai mangé des burgers. Le musicien Matt Smith est un virtuose de la guitare. Il a joué des versions acoustiques de Dire Straits, Clapton et bien d’autres. L’ambiance était très bonne. On a même réussi à faire changer le match des pathétiques Maple Leafs pour celui des Canadiens à la télé!
Au bar et autour de l’hôtel, nous avons parlé à plusieurs pêcheurs et plusieurs d’entre eux n’ont pas fait fureur. D’ailleurs, je dirais qu’on a fait mieux que la plupart du monde. Plusieurs n’ont absolument rien attrapé. Même un guide a pris 1 seul petit doré dans sa journée! À se comparer on se console!
Le lendemain matin on se lève vers 7:00 un peu fourbu. La neige recouvre le sol partout. On prévoit des vents aussi forts sinon plus que la veille. Sachant que ma pompe ne fonctionne pas dans le bateau et aussi parce que ça ne nous tente pas d’aller se faire brasser pour des dorés qui nous boudent, on décide de ne pas sortir. Mario lui choisi d’y retourner avec Serge qui lui avait laissé son bateau au quai pour la nuit. Il ont pêché environ 3 heures et Mario a capturé un doré de 7.5 livres. Guillaume et moi avons posé une nouvelle roue sur ma remorque avant de revenir au Quebec en milieu d’après-midi.
Voilà! C’était notre voyage à la baie de Quinte cette année. Il fut plus difficile et moins fructueux que les années précédentes, mais tout de même ça fait du bien une fois par année de se payer un tel voyage. Faut voir que ce qu’on aime là-dedans ce n’est pas juste les livres de dorés capturés. C’est aussi le « road trip », le souper de gars le soir, l’aventure!